La station d'Annoux

 
La station en cours de restauration
La station d'Annoux, dite à tort de Blacy, se trouve dans le bois de la Reppe, à 1 500 mètres du village. C'est une tour carrée bâtie en pierre. Elle a une douzaine de mètres de hauteur et ses côtés mesurent 4 mètres à l'extérieur et 2, 70 mètres à l'intérieur.
Le rez-de-chaussée possède un foyer dont le conduit débouche sous le premier étage, pour que la fumée ne puisse voiler les signaux. On ne pouvait accéder aux deux étages qu'à l'aide d'une échelle. Les grosses poutres, sur lesquelles était posé le plancher du second, forment à la fois croix Grecque et croix de Saint André. C'est dire que le centre, où elles se croisent, est particulièrement robuste : c'est sur ce centre que reposât l'arbre qui, traversant la toiture, portait le régulateur et ses indicateurs.
Cet étage était le poste de travail où deux fenêtres opposées permettaient aux stationnaires de guetter, avec une longue-vue, les signaux de Massangis et de Pisy éloignés de neuf kilomètres.
On revit ici la singulière existence des stationnaires, ces hommes que Chappe voulait " simples et impassibles ". Ils avaient un salaire de 1, 25 F à 2 F par jour, et une ou deux minutes de retard dans la transmission étaient sanctionnées par une retenue. On comprend que ce personnel ait compté de nombreux militaires.
 
La ligne

L'état civil d'Annoux fait mention de quatre " télégraphiés " : Philippe Degathier, François Mercier, JP Girard et JP Bony. Sauf peut-être Mercier, qui mourut en 1813 à 43 ans, ils avaient moins de trente ans à leurs débuts. Dugathier, un mulâtre invalide, était un ancien soldat puisqu'il avait eu besoin de l'autorisation du Ministre de la Guerre, pour épouser une fille d'Annoux en 1810. En 1821, il faisait équipe avec son beau-frère Girard. Ce dernier et Bony étaient fils de cultivateur du pays.
Avant l'aube, ils laissaient femmes et enfants au village et gagnaient leur perchoir qu'ils ne quittaient qu'à la nuit, lorsqu'ils ne pouvaient plus discerner les stations de Massangis et de Pisy. Heureusement pour eux, les essais de télégraphe nocturne, à l'aide de lanternes, s'étaient révélés décevants... Les jours courts devaient faire leur bonheur, mais ni la pluie ni le brouillard ne les dispensaient d'être à leur poste, dans l'attente d'une éventuelle éclaircie. Sous la bise et le gel l'hiver, le peu de chaleur qui montait du rez-de-chaussée jusqu'au second étage devait paraître dérisoire à ces hommes, qui l'été étaient cuits par le soleil sous leur toit sans grenier. Il leur fallait une solide constitution, pour tenir le coup et une certaine philosophie. Si invraisemblable que nous semble aujourd'hui une telle existence, elle a trouvé des hommes pour la partager, pendant plus d'un demi-siècle.
 
La tour avant et après restauration Cette tour, restaurée en 1994 fut construite en 1809, date gravée sur le linteau de la porte d'entrée et confirmée par une lettre de Monsieur Baudenet d'Annoux du 19 novembre 1818, adressée au ministre de l'Intérieur de l'époque.
En 1995 et 1996 ont été effectués d'autres travaux d'aménagement du chemin communal de 1 250 mètres en sous bois, pour accéder à la Tour.
En collaboration entre la Commune et l'Association "Les Amis de la Tour de Télégraphe Chappe d'Annoux", l'installation en haut du mât d'un mécanisme semblable à celui de Claude Chappe et conçu par les élèves de l'E.N.S.A.M. (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers) de Cluny a eu lieu au mois de mai 1999. Pendant deux jours, ils ont assemblé le mécanisme, parfois accrochés dans une benne soulevée par une énorme grue.
 
Le système est désormais opérationnel (et pour le voir, utilisez la souris !)...
 
© Les Amis de l'Association de la Tour Chappe ( Mairie, 89440 ANNOUX)
 

 
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