Titel


  MàJ 23/01/05
23 janvier 1805 : La mort de Claude Chappe.


La tombe au Père Lachaise vers 1910L'aventure de Claude Chappe et du télégraphe commence véritablement le 2 mars 1791 avec la première expérience publique entre Brûlon et Parcé.
A partir de ce moment là, l'inventeur des télécommunications n'arrêtera plus de se démener sur tous les fronts : élaboration des machines et du code, mise au point des méthodes de transmission et formation des stationnaires, achat de matériel en quantité, repérage des lignes,…
Sortent ainsi de terre les lignes de Paris-Lille, Paris-Strasbourg et Paris-Brest.
En janvier 1799, décision est prise d'établir une ligne vers l'Italie par Lyon et Claude Chappe est chargé d'en rechercher les postes. Pour des raisons financières, Bonaparte Premier Consul ferme les lignes, arrête les travaux de recherche et Chappe est obligé de trouver des moyens financiers pour survivre : ce sera la transmission des numéros de loterie qui sauvera le télégraphe.

Napoléon, Empereur en 1804, décide de relancer l'établissement d'une ligne Paris-Milan par Lyon. Or, à cette date, on n'a plus de documents concernant la biographie de Claude Chappe. Nous ne savons pas s'il est reparti en Bourgogne pour étudier l'emplacement des stations de la future ligne. Sa santé morale, affaiblie par les travaux qu'il a menés avec rigueur depuis plus de dix ans, a-t-elle chancelée ?
Le matin du 23 janvier 1805, on se préoccupe de son absence à l'Hôtel de Villeroy, siège de la télégraphie, rue de l'Université. On retrouve son chapeau à côté du puits situé dans le jardin, puis le cadavre lui même, au fond du puits. Il avait 42 ans.

D'après la notice nécrologique parue dans le Journal de Paris du 1 février 1805, Abraham CHAPPE rapporte qu'en tournée d'inspection pour étudier l'emplacement des futures stations de la ligne Paris-Lyon, son frère Claude aurait été " empoisonné dans un village près de Lyon où il resta longtemps mourant. Cet événement lui laissa dans les nerfs un germe de maladie qui s'est développé chaque jour, a augmenté sa mélancolie et l'a conduit au tombeau". En revenant de son périple, Claude Chappe aurait affirmé lui même avoir été l'objet de tentatives d'empoisonnement dans un village près de Lyon. Claude Chappe serait-il mort des suites d'un empoisonnement ou d'une intoxication alimentaire ? Jusqu'à présent, rien ne permet de conclure à la véracité de ces affirmations ; quand à en connaître la cause, ...

Arthur Mangin, dans ses " Délassements instructifs " (Tours, 1886, p. 22) opte pour un accident :
Claude Chappe " se promenait, le soir du 23 janvier 1805, dans un jardin, à la suite d'un dîner de savants; tout occupé d'une discussion qui, soulevée à table, se prolongeait au delà du dessert, il ne vit pas un puits dont l'orifice était à fleur de terre, et s'y laissa tomber. On l'en retira mort. "La tombe de Chappe aujourd'hui

Une grande majorité d'auteurs s'accorde cependant à noter que le malheureux inventeur aurait mis fin à ses jours au motif d'un état de dépression nerveuse du à une vie surmenée : Claude Chappe serait mort, en quelque sorte, " au service du télégraphe ", épuisé par ses travaux.

D'après le "Journal de Paris" et le "Journal des Débats" du 29 janvier, il aurait écrit au crayon et d'une main tremblante :
"Je me donne la mort pour éviter l'ennui de la vie qui m'accable ; je n'ai point de reproches à me faire ".

Quelques auteurs notent avec prudence que l'état physique de l'inventeur du télégraphe aurait également laissé à désirer, qu'il serait mort miné par les tracas et la maladie, ... Ainsi A. Belloc (La télégraphie historique, 1888) note p.133 qu' " Il souffrait depuis de longues années d'une affreuse maladie qui lui rongeait l'oreille : les douleurs atroces qu'il endurait l'avaient déterminé à chercher le repos dans la mort . "

Enfin une dernière version, à la fois plus précise et plus surprenante, émise vers 1870 mérite d'être mentionnée. Il s'agit de celle de Louis Figuier, dans son ouvrage intitulé " Les merveilles de la science ou Description populaire des inventions modernes "(T.II) ; il indique page 44 : " ... Il était déjà fort attristé du peu d'encouragement que son administration recevait de l'empereur. A cet ennui vinrent se joindre les douleurs cruelles que lui faisait éprouver une maladie chronique de la vessie. Il ne put se défendre du désespoir, et se coupa la gorge, le 25 janvier 1805. "

Le Moniteur du 8 pluviôse an XIII (lundi, 28 janvier 1805) publia la notice nécrologique suivante :
" M. Claude Chappe, inventeur et administrateur du télégraphe, est mort mercredi dernier, à l'âge de quarante-deux ans; c'est une perte réelle pour les arts. On a dit avec raison que l'art des signaux existait longtemps avant lui. Mais ce qu 'il fallait ajouter pour être juste et reconnaissant, c'est qu'il a fait de cet art une application si simple, si méthodique, si sûre, si universellement adoptée, qu'il peut en être regardé comme l'inventeur. "

Claude Chappe a été enterré au cimetière de Vaugirard.

Sur sa tombe, on a érigé une bien étrange pierre tombale dont le dessin a été maintes fois reproduit.

Elle comporte de nombreuses erreurs au niveau des dates et de la transcription des signaux (*) :
Voir les erreurs
Lorsque le cimetière a été désaffecté, le terrain a été rendu constructible et on y a érigé le lycée Buffon. Les restes de Claude Chappe ont été transférés en 1829 au cimetière du Père-Lachaise, dans le tombeau de son frère Ignace. La pierre tumulaire du cimetière de Vaugirard a été déposée au Central télégraphique de la rue de Grenelle à Paris, où elle est encore.


Documentation :

Bibliographie générale
(*) Bibliographie particulière :
Bulletin de liaison, novembre 1992
Association des Amis de Paris Central Télégraphe,
57, rue de la Colonie, 75713 PARIS

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