Notre-Dame de L'Epine

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La statue de Notre-DameLa Basilique Notre-Dame de L'Epine est située dans un petit bourg de la Marne, sur la Route Nationale 3, à 8 km de Châlons-en-Champagne en direction de Verdun.
C'est une église de pèlerinage consacrée à la Vierge Marie construite de 1405 à 1527, mais qui succède à une première église déjà existante en 1200.

Son origine est due à la découverte d'une statue de la Vierge.
La légende raconte que la nuit de l'Annonciation de l'an 1400, des bergers ont été attirés par une lumière étincelante au milieu d'un buisson d'épines. En s'approchant, ils y ont découvert une statue de la Vierge Marie portant l'Enfant Jésus dans ses bras ! On peut toujours en admirer une réplique à l'intérieur de la basilique qui a été construite, à l'origine, pour l'abriter. Notre-Dame de l'Epine est devenu très rapidement un lieu de pèlerinage réputé qui perdure toujours.L'une des gargouilles mentionné par Victor Hugo
L'église à l'architecture majestueuse possède un plan basilical tout à fait classique à transept avec un déambulatoire qui s'ouvre sur cinq chapelles rayonnantes. L'ensemble forme un ensemble tout à fait étonnant qui s'élève au milieu de la plaine champenoise.

Le style est gothique flamboyant avec des portails sculptés, une magnifique rosace qui orne la façade principale et deux flèches en pierre, ajourées. Les éléments les plus remarquables du décor sont constitués d'une centaine de gargouilles dont certaines sont très expressives et qui complètent cette œuvre monumentale surnommée " Le joyau de la Champagne ".

Gravure. Vers 1850Son histoire récente est tout aussi étonnante et concerne la télégraphie aérienne.
Entre la décision de la création d'une deuxième ligne Chappe en direction de l'est et la mise en activité de Paris - Strasbourg le 31 mai 1798, quatre années ont passé.
On sait que les frères Chappe, pour établir le télégraphe aérien, avaient obtenu le droit, dès l'origine, de placer les mécanismes où ils le voulaient. Pour faire la jonction entre Châlons-en-Champagne et Tilloy, ils envisagent dans un premier temps d'installer une machine sur une colline, au lieu-dit La Folie, dans les environs de L'Epine. Probablement parce que la visibilité n'est pas satisfaisante, ils jugent finalement plus intéressant de raser la flèche nord de Notre-Dame pour y placer le mécanisme ! La décision est d'autant plus désastreuse qu'on sait que la ligne de Paris - Strasbourg ne devait être à l'origine que provisoire.
La mutilation de la basilique ne laisse guère indifférent :
" En parlant de la démolition de cette flèche je ne puis m'empêcher d'accuser notre gouvernement d'alors de vandalisme. En effet, pourquoi avoir défiguré aussi mal à propos l'une des tours de ce beau portail, pour y placer une machine qui pouvait avoir ailleurs une destination aussi favorable pour l'élévation, que celle de la tour qu'on lui a préférée ? Mais c'était le siècle de la spoliation et de la destruction des temples du Seigneur; siècle où nous les avons vu tomber sous la main des chrétiens eux-mêmes, et de cette bande d'impitoyables niveleurs qui n'avaient jamais connu la religion que de nom, et qui jamais aussi n'avaient eu le goût ni l'amour des beaux arts "
Povillon Pierrard, Description historique de l'église Notre-Dame de l'Epine, SD

On sait peu de choses sur la station. Le 12 septembre 1802, le télégraphe fut renversé par un coup de vent. Il fallut envoyer d'urgence un autre mécanisme depuis Paris car le gouvernement souhaitait avoir des communications rapides avec Ratisbonne (Regensburg) en Bavière où se tenait une nouvelle diète. Le seul stationnaire connu, pour le moment, s'appelait Julien Hubert, militaire invalide de l'Hôtel des invalides de Louvain et qui avait de la famille dans la région de Verdun. Il était de service en 1813.

La basilique et la station ont reçu la visite, outre de nombreux pélerins, celle de quelques personnages célèbres.
La reconstruction de la tour nord. Photographie d'époque - reproduction interdite.En 1834, Prosper Mérimée, plus connu comme écrivain et académicien qu'en tant qu' Inspecteur général des Monuments historiques, vient contempler la basilique mutilée.
Le plus célèbre reste tout de même Victor Hugo qui ne resta que deux heures, mais qui nous laisse, dans " Le Rhin " (1842), quelques jolis passages de sa visite :
" A deux lieues de Châlons, sur la route de Sainte-Menehould, dans un endroit où il n' y a que des plaines, des chaumes à perte de vue et les arbres poudreux de la route, une chose magnifique vous apparaît tout à coup. C' est l' abbaye de Notre-Dame-de-l' Epine. Il y a là une vraie flèche du quinzième siècle, ouvrée comme une dentelle et admirable, quoique accostée d' un télégraphe, qu' elle regarde, il est vrai, fort dédaigneusement, en grande dame qu' elle est. C' est une surprise étrange de voir s' épanouir superbement dans ces champs, qui nourrissent à peine quelques coquelicots étiolés, cette splendide fleur de l' architecture gothique. J' ai passé deux heures dans cette église ; j' ai rôdé tout autour par un vent terrible qui faisait distinctement vaciller les clochetons (…) De temps en temps une pierre se détachait de la flèche et venait tomber dans le cimetière à côté de moi. Il y aurait eu là mille détails à dessiner… "

L'église Notre-Dame aujourd'huiLors de l'abandon des lignes en 1852, rien n'est prévu pour la remise en état ou la restauration des monuments utilisés. La commune est donc obligée de s'en accommoder, ses finances étant totalement incapables d'assumer une quelconque reconstitution. Il fallut attendre 1868 et une subvention personnelle de Napoléon III de 50 000 francs pour qu'elle puisse avoir lieu. Pour placer le télégraphe, les frères Chappe avaient heureusement conservé la base octogonale et les nervures de la tour d'origine. Cet heureux hasard (?) a permis de restaurer l'édifice qui a retrouvé a peu de choses près son aspect antérieur, y compris une tour nord moins élevée que sa tour jumelle.

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le DVD d'Intrados http://intrados.free.fr