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au "grand insecte noir" |
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Le
télégraphe ainsi évoqué est celui de l'église
Saint-Sulpice, dont il trouvait le style architectural détestable
et qu'il voyait fonctionner depuis sa chambre," ma cellule ",
qu'il habita pendant plus de trois ans :
Hugo a, en effet, le style de Saint-Sulpice en horreur : " Saint-Sulpice: des volutes, des nœuds de rubans, des nuages, des vermicelles et des chicorées, le tout en pierre ".
Par
opposition, il trouverait le télégraphe qui défigure
l'édifice religieux, presque sympathique :
Pourquoi alors ce " maudit télégraphe " l'importune-t-il autant ? Les éléments de réponse se situent à la suite du poème, lorsqu'il apostrophe la machine :
On l'aura compris : le télégraphe est le vecteur des mauvaises nouvelles, des faux espoirs, le messager innocent qu'on aimerait ne pas voir et qui n'apporte que "mensonges", "agitation", "terreur" même. " Télégraphe ! ô quel coup pour son cœur affligé ! Hélas ! le lendemain ton langage est changé. " Le trône est sans appui ; la charte électorale Répand dans vingt cités le trouble et le scandale (...) Poursuis, cher télégraphe, agite tes grands bras ; Semblable à ce baron, fameux par son fatras, Qui grattant son cerveau, l'œil en pleurs, le teint blême, Annonce un grand secret, qu'il ne sait pas lui même."
Si le télégraphe ici invoqué est le messager qui colporte informations et rumeurs, c'est aussi le prétexte à la " Satire ", mot dont l'œuvre est le sous-titre. Le jeune politique s'exerce ici au règlement de compte avec " le Corse ", " Attila " des temps modernes dont le règne est terminé, avec les barons, ministres et notables profondément méprisés pour leur incompétence et leur manque de soutien à la monarchie restaurée ... Dans le dernier paragraphe, la machine aux " grands bras " devient le " cher télégraphe " et regagne en sympathie parce que, somme toute, ce n'est qu'un instrument simple d'esprit , même s'il véhicule quelque " grand secret ... ". (1) |
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Après le Mont Saint-Michel, on visite Avranches où " ...autrefois, il y avait trois clochers, maintenant il y a trois télégraphes qui se content réciproquement leurs commérages. Or les bavardages d'un télégraphe font un médiocre effet dans le paysage. "
Deux
ans plus tard, il voyage encore, toujours accompagnée de Juliette, en
direction de l'est cette fois-ci. Ses pas le mènent sur les traces de
la " fuite à Varennes " de Louis XVI et de vestiges impériaux carolingiens
ou napoléoniens. Il rencontre ainsi, à plusieurs reprises, le télégraphe
:
![]() Tandis que cette machine faisait cela, les arbres bruissaient, l'eau courait, les troupeaux mugissaient et bêlaient, le soleil rayonnait en plein ciel, et moi je comparais l'homme à Dieu".
En
1843, nouveau voyage - retour à l'enfance - en direction des Pyrénées
cette fois-ci. A Bordeaux, il visite le caveau des momies dans la crypte
de la tour de l'église Saint-Michel :
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