L' axe Paris - Metz - Strasbourg ( 1798 - 1852 )

Dessin relevé sur le cadastre de Scy La ligne de Paris à Landau par Metz décidée le 3 octobre 1794 par le Comité de salut public, modifiée en ligne Paris - Strasbourg sera finalement mise en service en 1798.
Etablie sur cartes par Claude Chappe, cette grande ligne de 500 km fut scindée en quatre divisions sensiblement égales.Elle comptait 44 stations (4 de plus à sa fermeture en 1852) et elle aura coûté 177000 francs de l'époque.
L' emplacement des stations est désormais relativement bien connu. Les cadastres, établis à cette époque, les mentionnent, mais la cartographie ne faisait pas toujours preuve de rigueur et beaucoup de vestiges ont disparu totalement. Tour sud de l'église Saint-Sulpice - gravure ancienne
Les stations sont nommées par rapport au relais de Poste à chevaux le plus proche. Seul l'emplacement des mécanismes mobiles des diverses ramifications pose parfois quelques problèmes.

A l'origine, le point de départ de la ligne devait être les Tuileries. Comme on ne veut pas regrouper tous les télégraphes au même endroit, la première station se retrouvera finalement sur la petite tour sud de l'église Saint-Sulpice. Elle déménagea par la suite (en 1823) sur l'église de Notre-Dame des Victoires, puis en 1834 sur celle de Saint-Eustache.
 
Première section : départ de Paris

 
Pavillon de la Pompe - Le Raincy - gravure ancienneAprès Ménilmontant, la ligne se dirige vers Livry. Le télégraphe est installé dans le domaine du Raincy ayant appartenu à la Famille d'Orléans et transformé en établissement agricole expérimental. Le mécanisme est placé sur le toit en terrasse d'un pavillon abritant une pompe à feu qui alimente en eau tout le parc. En 1819, le pavillon menace ruine ; le télégraphe est établi sur un soubassement en maçonnerie, puis déplacé à nouveau dix ans plus tard sur le territoire de Gagny.
La deuxième section et la Direction de Châlons
 
Pour atteindre Châlons-sur-Marne, distante de 150 km de Paris, la ligne ne rencontrera guère de difficultés : il y a peu d'obstacles importants, la visibilité est bonne et quelques collines et buttes-témoins possèdent un profil idéal.
Notre-Dame-de-l'Epine mutilée et reconstituée Les sites suivants sont choisis avec soin, mais les 12 stations n'offrent rien de remarquable. De même, peu de documents sont parvenus jusqu'à nous concernant Châlons-sur-Marne qui deviendra Direction en 1844.
Il en est tout autrement de la station suivante de l'Epine, qui est sans conteste la plus jolie, la plus élégante et la plus ... désastreuse sur le plan architectural de toute la ligne. En effet, le mécanisme a été placé sur la flèche nord, rasée pour l'occasion, de la magnifique basilique de style gothique flamboyant de Notre-Dame de l'Epine, appelée "le Joyau de la Champagne ".
A l'origine, le mécanisme du télégraphe devait être installé sur une colline à proximité, mais Claude Chappe préféra finalement jouer les démolisseurs...

A voir


 
La ligne quitte au bout de trois stations la Champagne et pénètre ensuite en Lorraine par la Forêt d'Argonne. La première station est celle des Islettes; ce village est bien lorrain, mais le télégraphe lui-même était perché à 251 m d'altitude sur une colline du département de la Marne ! Puis la ligne passe par Verdun dont des plans, datant de 1891, montrent un appareil sur la Cathédrale; comme ils semblaient fantaisistes, l'emplacement de la station, appelée parfois Blancmont, restait encore à retrouver : les travaux récents de Monsieur Jean L. la situe avec certitude à Blamont, près de Fromeréville.
 
La troisième section et la Direction de Metz
Le Palais de justice
La ligne fait ensuite une boucle considérable par le nord, profitant ainsi des hauteurs des Côtes de Meuse, pour finalement se diriger, à partir d'Eton en ligne droite vers Metz. La station du Mont St Quentin est la dernière avant Metz, ville qui abrite la Direction du même nom. Les bureaux et la station télégraphique sont situés sur la toiture de l' Hôtel du Gouvernement, actuel Palais de justice.
Le bâtiment constituera également par la suite la tête de ligne des ramifications vers Mayence.
Dernière section : l'arrivée à Strasbourg
Au départ de Metz, la ligne prend la direction du sud-est, traverse le Saulnois et à partir de la station de Marimont probablement construite sur les ruines du château de Salm, celle de l'est en direction de Strasbourg.
A Languimberg, les Chappe font raser la flèche du clocher de l'église, puis la ligne traverse le Pays de Sarrebourg pour quitter la Lorraine en abordant la difficile traversée des Vosges à partir de Saverne et de la station, aujourd'hui restaurée, du Haut Barr.
Cathédrale de Strasbourg (reconstitution d'après gravure ancienne) Les difficultés de transmission entre le Haut Barr et Strasbourg, fin de la ligne, sont dues aux nombreuses nappes de brouillard se formant dans les fossés de Strasbourg et au fait que les stations se détachaient difficilement sur le fond sombre des montagnes et des forêts vosgiennes. Deux stations intermédiaires sont ainsi crées, dont une servant de réflecteur.

La fin de la ligne se situe sur le dôme, situé au-dessus du chœur, de la cathédrale de Strasbourg.
Le mécanisme est placé sur une maisonnette en bois et lorsqu'en 1853, le télégraphe optique est définitivement remplacé par le télégraphe électrique , la maisonnette sera vendue mais démolie en 1857 seulement.
Cathédrale de Strasbourg (maisonnette sur le dôme) - gravure ancienne
La Direction de Strasbourg devait servir au départ de deux ramifications supplémentaires, l'une en direction de Mayence par Landau et l'autre en direction de Bâle.
La ligne de Mayence connut un début de réalisation en 1799 et quelques traces en subsistent ; elle ne fut cependant pas opérationnelle. La ramification de Strasbourg à Bâle - Huningue, quant à elle, fonctionna un peu plus d'un an.

Prévue pour n'être que provisoire, les Chappe réussiront finalement à faire survivre la ligne Paris - Strasbourg après les guerres napoléoniennes, malgré les saccages des invasions de 1814 et de 1815, grâce à la transmission des résultats de la Loterie nationale.
Elle fut fermée le 18 juillet 1852 lors de l'inauguration de la ligne de chemin de fer de Paris à Strasbourg qui permis le transport des nouvelles beaucoup plus vite et malgré le brouillard !

R
ien n'est prévu par l'Administration pour remettre en état les sites après l'abandon du système et mis à part quelques cas particuliers, les stations tombent lentement en ruines et dans l'oubli...
 

Sources et bibliographie : voir "Pour en savoir plus"

 
Les lignes de l'Est :
  • L'axe Paris - Metz - Strasbourg (1798 - 1852)
  • La Direction de Metz
  • Stations et mécanismes
  • La carte des ramifications.
  • La ligne vue en 1800 par un voyageur
  • Les ramifications de l' Est (détails) :
  • Strasbourg - Huningue (1799 - 1801)
  • Vic - Lunéville (1800 - 1801)
  • Metz - Mayence (1813)
  • Projets abandonnés (1794 - 1800)

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