Les stations et les mécanismes
Si l'on excepte certains endroits particuliers, nous sommes loin de tout savoir sur les bâtiments de la ligne et les documents s'y référant sont rares.
 
Le Mont Saint Quentin (couverture d'almanach vers 1830)
Comme ailleurs, on utilise les monuments existants lorsque c'est possible et pour les stations intermédiaires, des bâtiments en bois parce qu'il fallait faire vite et solide. Les événements vont également modifier l'aspect des stations. Comme la ligne coûte cher, elle a été mise en sommeil de septembre 1802 à février 1803 ; les Chappe en profitent pour améliorer les stations et même pour en reconstruire certaines. De nombreux postes ayant été saccagés par les invasions de 1814 et de 1815 (Mont Saint-Quentin, les stations du Saulnois, ...), ils sont souvent reconstruits en pierres et les machineries récupérées sur d'autres lignes (et donc différents dans les détails). On peut sans conteste conclure aujourd'hui que tous les types de bâtiments existant ailleurs ont été représentés sur la ligne de l'est.

Quelques monuments existants ont été utilisés pour installer les mécanismes. Curieusement, la tête de ligne parisienne a toujours été un édifice religieux : église Saint-Sulpice, église des Petits-Pères (1823) et église Saint-Eustache (1834). La fin de ligne était la cathédrale de Strasbourg et peu d'aménagements ont été nécessaires à l'installation des mécanismes ; la tour sud de l'église Saint-Sulpice était même inachevée et le dôme situé au dessus du chœur de la cathédrale de Strasbourg a été peu modifié.
La tour mutilée de Notre-Dame de l'Epine - détail d'une gravure ancienne
Par contre, deux autres édifices religieux ont également été utilisés sur la ligne elle même, Notre Dame de l'Epine et la modeste église de Languimberg, et dans les deux cas, les flèches avaient été rasées par les frères Chappe pour installer les mécanismes du télégraphe. Pour le joyau de l'art gothique de l'Epine, la flèche fut heureusement reconstruite dans le style de la flèche sud en 1868, grâce à une subvention personnelle de Napoléon III. Quant à la modeste église de Languimberg, après plus de cinquante ans de servitudes et deux ans seulement après la fermeture de la ligne, en 1854, le gouvernement accordera " généreusement " un secours de ... cent francs pour la reconstruction du clocher : il sera refusé!
Maisonnette perchée de Verdun - d'après un dessin de M. Ollivier (FNARH 1991) Si l'on excepte le pavillon de la pompe du Raincy et les stations de l'Hôtel du Gouvernement de Metz, la grande majorité des stations de la ligne ont donc été constituées de bâtiments érigés de toutes pièces. Elles sont constituées de deux parties : une maisonnette pour abriter les manipulateurs, les lunettes et les stationnaires, et un mécanisme juché sur le toit. La maisonnette est à l'origine en bois, de forme carrée avec un toit à quatre pentes. Elle est plus ou moins surélevée, soit sur un tertre de terre soit curieusement perchée sur une construction en bois comme à Sivry la Perche ou à Verdun. Construites rapidement, elles se dégradent aussi vite ; on fut donc obligé de les aménager, de les reconstruire, de les déplacer et on finit par les ériger sur un soubassement de briques ou de pierres, de forme carrée ou ronde.
Tour restaurée du Haut Barr La tour du Haut Barr près de Saverne connut ainsi toutes les situations : la maisonnette avait été construite au milieu des ruines de l'ancien château. Fin 1810, elle est déplacé de l'éperon rocheux où elle était située à un emplacement plus protégé en contrebas, sur une base carrée en maçonnerie. En 1835, le mécanisme est déplacé une troisième fois d'un mètre sur une tour ronde cette fois-ci. Disparue au début du XX ème siècle, cette tour a été reconstruite à l'emplacement de l'originale au cours des années 1960 par les " Amis des PTT d'Alsace ".
 
Les mécanismes perchés sur les stations vont également évoluer au fur et à mesure à cause de l'usure des pièces, des dégradations dues aux saccages de 1814/1815 et des incendies, des vols, ...et être remplacés par des matériels de plus en plus performants.
A l'origine, ce sont des mécanismes dits de " Strasbourg ", c'est à dire une machinerie dérivée de celle de la première ligne de Lille, mais renforcée au niveau du support vertical. Ensuite sera utilisé pratiquement sur toute la ligne, le système dit de " Milan " à support vertical simple. D'après des travaux récents enfin (*), il semblerait qu'on utilisa également sur la ligne des systèmes moins "classiques" : quatre appareils dits "de grandes dimensions" (peut-être sur la cathédrale de Strasbourg ?) et à partir de 1843, quelques appareils de type " Flocon " à indicateur horizontal.

Dans l'état actuel des recherches et des connaissances, peu d'indications sont cependant parvenues jusqu'à nous et beaucoup reste encore à découvrir ...
 
(*) M. OLLIVIER, "Les appareils employés sur la ligne" in "Diligence d'Alsace", 1998, op. cit. (Voir "Pour en savoir plus").Languimberg
 
Les lignes de l'Est :
  • L'axe Paris - Metz - Strasbourg (1798 - 1852)
  • La Direction de Metz
  • Stations et mécanismes
  • La carte des ramifications
  • La ligne vue en 1800 par un voyageur
     
    Les ramifications de l' Est (détails):
  • Strasbourg - Huningue (1799 - 1801)
  • Vic - Lunéville (1800 - 1801)
  • Metz - Mayence (1813)
  • Projets abandonnés (1794 - 1800)

     


    Accueil

     
    Livres
    Pour en savoir plus