Le télégraphe des frères Chappe


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Histoire et formation du réseau
L'Afrique du Nord


L'ALGERIE

La conquête de l'Algérie commence en 1830 et pour appuyer les opérations militaires, on décide de construire une ligne télégraphique partant d'Alger à partir de 1838. Les lignes se développent au fur et à mesure des besoins le long de la côte méditerranéenne avec, de place en place, des ramifications vers le sud.
A l'origine, le système est militaire, mais ne donne pas les résultats escomptés. On fait donc appel à l'administration télégraphique civile, à partir de 1840, parce qu'elle possède l'expérience nécessaire. Quatre directeurs se mettent à l'ouvrage, dont le principal s'appelle Jules César Lair. Ils élaborent un système adapté à l'Algérie, en l'occurence un vocabulaire simplifié conçu pour les besoins militaires, ce qui permet également de créer une machine simplifiée. Les stations seront fortifiées pour cause d'insécurité.

Un poste de télégraphie en Algérie (gravure in Belloc, op.cit.)Comme on le voit ici, le télégraphe utilise un appareil de type horizontal, mais sans la partie mobile centrale. La gravure de Belloc montre un poste constitué d'une grosse bâtisse flanquée d'échauguettes aux angles. Les murs font environ cinq mètres de haut et garni de meurtrières. Le territoire connaît bien souvent l'insécurité, mais, en fait, on ne connait que deux attaques pour toute l'Algérie. Le rez-de-chaussée surélevé comportait trois pièces et le premier étage servait de chambre de manoeuvre.La tourelle était surmontée d'une terrasse dotée d'un parapet. Il existait un deuxième type de station plus grand, dans les régions plus menacées; le principe restait le même, mais à la place d'une pièce unique, le poste était pourvu d'une cour intérieure entourée de trois bâtiments et d'un tambour d'accès vers l'extérieur.

A partir de 1842, on crée un réseau constitué de deux axes principaux, Alger-Oran et Alger-Constantine avec diverses ramifications vers Médéa, Mascara et Tlemcen. Achevées complètement en 1853, les lignes ouest s'étendent sur 850 km de long. Lair s'attaque à la ligne de l'est, vers Constantine, à partir de 1848; elle est également achevée en 1853, alors qu'en métropole, la démolition des lignes aériennes est presque terminée ! Le télégraphe électrique n'est pas en retard puisqu'il arrive également en Algérie avec la ligne Oran-Mostaganem en août de la même année.

Avec ses 1200 km de lignes, le télégraphe aérien rend d'énormes services, et il fonctionne jusqu'en 1859/1860. Il marque ainsi l'extrême fin de la télégraphie aérienne des frères Chappe.


LA TUNISIE

Le dimanche 8 novembre 1846, Ahmed ben Mustapha Pacha Bey "Possesseur du Royaume de Tunis" débarque à Toulon : c'est la première visite officielle d'un souverain d'Orient en France. Il sera accueilli dans la capitale par Louis-Philippe à partir du 22 novembre. Le programme officiel n'est guère différent de ceux qu'on connaît aujourd'hui : visite du port de Toulon lors de l'arrivée, réceptions et visites de Paris, de l'Ecole polytechnique, du Jardin des Plantes, des Invalides,... Le bey et ses conseillers (Ibn abi-Dhiâf surtout) sont éblouis et la Tunisie s'engage dans un vaste effort de modernisation du pays. L'esclavage est aboli, des formateurs sont appelés de France, des manufactures sont établies, une école polytechnique est ouverte. Parmi les principales innovations ayant impressionné très favorablement le bey figure le télégraphe Chappe de Toulon. Le souverain décide donc de doter son pays d'un embryon de système télégraphique.

La construction du télégraphe est confiée à Louis-Félix Berrier-Fontaine, traducteur à Paris. Deux lignes seront édifiées à partir du palais du Bardo, résidence princière à Tunis. La première relie le Bardo au port de la Goulette avec une station intermédiaire; elle est inaugurée le 16 septembre 1848. La seconde ligne relie le Bardo au nouveau palais de la Mohammédia avec deux postes intermédiaires, et elle est probablement terminée début 1849.

Nous n'en savons guère plus concernant cette aventure, la mission de Berrier-Fontaine prenant fin avant l'achèvement des travaux. Le personnel étant tunisien, le vocabulaire était donc probablement en arabe; nous ne savons pas s'il était effectivement achevé, si les lignes ont véritablement fonctionné, et quand les derniers vestiges ont disparu.
Le Bey de Tunis décède en 1855 et son successeur, Mahmad, se soucie davantage de sa vie privée que du sort de l'Etat.
Le télégraphe électrique relie le palais du Bardo à la Goulette en 1859.

 
Bibliographie