Le télégraphe des frères Chappe
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Histoire et formation
du réseau
La Restauration (1815-1830)
L'administration
du télégraphe à passé le cap des Cent Jours
sans encombres et s'est mis à disposition de la monarchie restaurée
en deux étapes.
Le 8 avril 1814, après l'abdication de Napoléon, Ignace et Pierre-François Chappe présentent l'état du réseau au nouveau ministre de la guerre et proposent le prolongement de Paris-Lyon vers Marseille et Toulon. Le gouvernement n'y donne pas suite. Lors des Cent Jour, dès l'arrivée de l'Empereur à Paris le 20 mars 1815, les Chappe se mettent à sa disposition sans état d'âme. Le 24 juin, le télégraphe transmet la nouvelle de l'abdication définitive de Napoléon deux jours après l'événement ; les frères Chappe, toujours sans broncher, se remettent à disposition de la monarchie. Ils s'efforcent à se moment là de remettre en activité les lignes dont les stations ont été détruites par les armées ennemies. Fin octobre 1815, tout le réseau est à nouveau opérationnel. L'armée n'a plus guère besoin des services de la télégraphie et les Chappe vont devoir trouver de nouveaux débouchés. Le gouvernement est intéressé par la possibilité de transmettre ses ordres aux préfets, mais les lignes ne sont guère étendues ; seules cinq préfectures sont connectées et le trafic est insuffisant. Début juillet 1816, la ligne St Omer - Boulogne est remplacée par une ligne St Omer - Calais pour profiter de l'accroissement maritime du trafic avec l'Angleterre en train de se développer grâce à la paix qui est revenue. Comme le trafic est toujours aussi insuffisant, les frères Chappe tentent de convaincre le gouvernement de prolonger les lignes vers les ports afin de profiter de la conjoncture économique. Ils déposent donc périodiquement des projets de ligne reliant Lyon à la Méditerranée et Paris aux ports de la façade ouest, notamment Bordeaux. Les décisions s'éternisent. Finalement, la situation se débloque en 1821. Le 23 juin, les Chappe obtiennent le prolongement de la ligne vers Toulon en passant par Marseille et le 14 décembre, la nouvelle ligne, qui comporte 50 postes, est opérationnelle. Entre temps, l'un des concurrents des Chappe, le contre-amiral de Saint-Haouen, avait obtenu du gouvernement la création d'une ligne de Paris à Bordeaux avec du matériel de son invention. Il avait réussi à obtenir l'appui du ministère de l'intérieur, soucieux d'être informé au plus vite des événements liés au soulèvement espagnol qui réduit les pouvoirs du roi Ferdinand VII. Les travaux ont commencé, mais les Chappe déclenchent une campagne de calomnies dans la presse et finissent par obtenir l'appui gouvernemental. L' achèvement de la ligne vers Bordeaux leur est finalement confié, en 1822, avec un prolongement sur Bayonne. Les Chappe sont obligés de faire vite car les événements s'accélèrent. La tête de station sera établie sur la tour nord de l'église Saint-Sulpice; mais comme elle est déjà occupée par le télégraphe de Strasbourg (et la tour sud par celle de Lyon), elle devra déménager. Le 8 avril 1823, la ligne est achevée et elle pourra transmettre la nouvelle de la prise du Trocadero qui marque le 31 août la fin de l'intervention française. Immédiatement après cette réussite technique, les deux frères Chappe, Ignace et Pierre-François sont mis à le retraite et remplacés par leurs deux frères plus jeunes , René des Arcies et Abraham. Les idées concernant les avantages de la télégraphie évoluent. Une nouvelle direction est créée à Habloville en 1825. L'administration des postes est de plus en plus sollicitée pour établir des liaisons entre les différentes préfectures desservies par le télégraphe ; on voit également apparaître de plus en plus de demandes émanant de négociants, de rentiers qui souhaitent accéder à la transmission télégraphique. Le gouvernement, qui entend garder le monopole des transmissions, rejette toutes les demandes. Sur ces entrefaites éclatent les Trois Glorieuses, du 27 au 29juillet 1830. Dans la foulée de l'abdication de Charles X, les frères Chappe sont également mis à la retraite : dorénavant, la télégraphie va changer de cap. |