Le télégraphe des frères Chappe


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Histoire et formation du réseau
Le Consulat et l'Empire (1799-1815)
 
Voir l'évolution des lignes (Maintenir le pointeur sur le lien !)
 
Dès le coup d'État du 18 brumaire, le télégraphe est adopté par Napoléon Bonaparte. Il connaît bien les services que le système a rendu à la marine ou lors de la signature du Congrès de Rastadt : il aura donc tendance à créer des lignes, même provisoires.
Mais, le Premier Consul entend mettre aussi fin aux débordements révolutionnaires notamment financiers : il aura donc également tendance à serrer les cordons de la bourse et à fermer des lignes. Comme on le voit, la situation est assez ambiguë.

Le télégraphe sur le château de Lunéville (TDR)

Fin 1800 doit se tenir à Lunéville un Congrès destiné à ratifier le traité de Campo-Formio entre Français et Autrichiens. Pour l'informer des tractations des congressistes, Napoléon ordonne la création d'une ramification à partir de Vic-sur-Seille, entre Metz et Strasbourg. Elle rejoindra le donjon du Château de Lunéville, déjà en terrasse, et qui n'a pas besoin d'être beaucoup aménagé. Dès qu'elle a fini de servir, la ligne est démantelée : elle aura servi de novembre 1800 à mars 1801.

Après vérification des comptes, la situation financière de la télégraphie s'avère catastrophique. Le Premier Consul impose des coupes sombres dans le budget. Les travaux de Paris-Lyon sont suspendus, Strasbourg-Huningue est supprimée en 1800, puis Lille-Dunkerque peu de temps après. Cela ne suffira pas et Bonaparte fait fermer toutes les lignes en 1802. Les frères Chappe ne se résignent pas et cherchent de nouveaux moyens de financement. Comme le télégraphe est monopole d'État, ils ne peuvent l'ouvrir aux particuliers. Les Chappe trouvent finalement la solution : c'est la transmission des numéros de la Loterie nationale qui pourra être communiquée rapidement à la presse qui va les sauver.
Le 28 janvier 1803, le gouvernement revient sur sa décision, accepte le financement par la Loterie, puis la réouverture des lignes, et ordonne l'extension de la ligne de Lille vers Bruxelles.

En mai 1803, la rupture de la paix avec l'Angleterre est consommée. Bonaparte prépare l'invasion des îles britanniques par les côtes françaises. Le 28 août 1803 l'ordre est donné de créer un embranchement qui reliera Lille à Boulogne. Il est même prévu de construire deux machines télégraphique de grandes dimensions destinées à permettre la transmission des messages par-dessus la Manche ! On ne sait pas si ces dernières ont connu un début d'exécution, mais la ramification de Boulogne sur Mer va fonctionner pendant tout l'Empire en attendant l'invasion prévue.

Napoléon, Empereur, puis roi d'Italie en 1805, va faire preuve d'un nouvel intérêt pour des transmissions rapides entre Paris et la péninsule italienne. Le 19 juin 1805, il décrète la réalisation d'une ligne télégraphique de Paris à Milan via Lyon et Turin, puis son prolongement vers Mantoue " pour transmettre promptement les ordres sur l'Adige ". Les travaux de Claude Chappe sont donc repris ; comme il est décédé, la tâche, immense, est confiée à Mathieu-Xavier Durant, directeur de St Malo, à Jean-Pierre Rogelet, directeur de Metz et aux inspecteurs Lair et Offroy.
On se hâte de remettre les stations , qui avaient été terminées par Claude Chappe entre Paris et Dijon, en état, puis de rechercher les emplacements suivants en direction de Lyon, puis à travers les Alpes.
En 1807, Paris peut communiquer avec Turin, mais il faudra attendre 1809 pour que le télégraphe fonctionne jusqu'à Milan, puis finalement jusqu'à Venise à partir de 1810.
De tout le réseau, Abraham Chappe (TDR)la ligne détient le record de longueur avec 124 postes organisés en 12 divisions sur 850 km.

Pour faire face à la menace anglaise sur les côtes ouest, Napoléon ordonne le 28 mai 1809, la prolongation de la ligne de Bruxelles vers Anvers, puis plus tard vers Amsterdam.
Les Chappe n'ont plus à craindre les fermetures de lignes :
le télégraphe a été adopté pleinement par l'Empereur. Le plus jeune des Chappe, Abraham, est nommé " attaché télégraphiste " auprès de la Grande Armée.

Le désastre de la Campagne de Russie va , comme de bien entendu, avoir des répercussion sur les lignes télégraphiques.
Devant les menaces venues de l'est, Napoléon ordonne le 13 mars 1813 la création d'une ramification de Metz à Mayence. C'est Abraham qui s'en charge et la ligne est terminée le 29 mai à la grande satisfaction de l'Empereur. La défaite de Leipzig (16/19 octobre) lui enlève cependant tout espoir de pouvoir s'en servir efficacement et elle est mise hors service par les armées alliées dès janvier 1814.
Les lignes du nord de l'Europe connaissent le même sort et si la direction de Venise est évacuée dès l'hiver 1813, les autres directions italiennes tombent elles aussi rapidement à partir de 1814.

La chute de l'Empire a entraîné la réduction des lignes devenues désormais inutiles : la ligne du nord est ramenée de Paris vers Lille (et Boulogne) et celle d'Italie vers Lyon. Avec celle de Paris à Brest intacte et celle de Paris - Strasbourg en reconstruction, le réseau a perdu sa dimension européenne et est redevenu hexagonal en 1815.
Les frères Chappe, quant à eux, ont passé les Cent Jours sans encombres et se me sont mis à disposition de la monarchie restaurée.